Après une sieste brève mais réparatrice, il est tant de réenfourcher les vélos. Prochaine étape : la ferme de la Canopée, à Sansan !

 

Après moult circonvolutions, montées, descentes, pause-goûter et discussions enjouées, les cheveux au vent gersois, nous arrivons aux environs de la Canopée mais, restent les derniers mètres de complète gadoue à traverser en vélo ou à la nage, selon son goût. Une fois arrivés boueux mais heureux d’arriver enfin à notre seconde étape, nous sommes accueillis chaleureusement et rapidement par nos hôtes qui nous invitent à installer notre camp avant que la nuit ne tombe. Changés et au chaud, nous pouvons commencer le tour du propriétaire…

Lancé par Patrice Adda en 2012, la Canopée est un projet multiagricole qui mise sur la mutualisation des moyens humains, matériels, et de commercialisation pour arriver à se nourrir eux, d’abord, puis à vivre de leur travail en nourrissant leur territoire.

 

Leur objectif : produire Bio, le plus naturellement possible et même plus : en permaculture, en utilisant des techniques telles que le Bois Raméal Fragmenté et les principes de l’agro-foresterie fruitière.

A terme donc, c’est un véritable écosystème qui sera créé autour des arbres fruitiers (le nom de la Canopée est tout trouvé), et qui prendra en compte les spécifités du terrain, notamment son implantation en zone inondable, donc très humide et un sol instable, à fixer pour éviter l’érosion.

 

Pour cela, que de travail à accomplir !

Terrain sous agriculture intensive, il a donc fallu d’abord convertir ces 22 ha en agriculture compatible “biologique” en assainissant et ré-enrichissant les sols avec du broyat de végétaux, en plantant luzerne et trèfle.

Ensuite, pour réduire au minimum les traitements, même bio, ils s’appuient sur une grande diversité végétale pour attirer la faune auxiliaire (oiseaux, insectes, abeilles,...) amie des paysans et prévenir les maladies par le biais d’associations intelligentes qui se protègent et se renforcent l’une l’autre. Pour que l’écosystème soit complètement fonctionnel, il faut environ 3 à 4 ans.

 

Illustrons ces concepts flous par un exemple parlant :

La culture fruitère à la Canopée se compose de haies de fruitiers alternées d’allées semées d’avoine. Les arbres fruitiers n’aimant particulièrement pas partager leurs racines avec d’autres plantes, le fait de planter de l’avoine à proximité directe va obliger les racines des arbres à plonger dans la terre pour s’installer. Le même principe est aussi utilisé avec l’ail, qui a en plus une propriété vermifuge et fongicide. L’avoine lui sert à nourrir les animaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par ailleurs, au sein d’une même haie de fruitiers, les espèces sont mélangées: Car si une maladie touchait une espèce, elle ne toucherait pas forcément les espèces voisines. Dans le cas contraire, rassembler tous les pêchers côte à côte pourraient les rendre tous vulnérables d’un coup si un arbre venait à tomber malade.

Pour finir, les haies sont surélevées afin de ne pas noyer les racines dans un sol très humide (hydromorphie).

 

La traction animale est autant utilisée que possible pour réduire les coûts de matériel agricole, mais aussi parce que les animaux “c’est plus attachant qu’un tracteur”, et ils broutent et tondent l’herbe, créent du fumier, utilisé comme fertilisant. Le tracteur est toutefois encore indispensable pour travailler la terre qui est encore compactée par des années de labour et pour arracher le Rumex qui envahit tout, signe que l’assainissement est en cours !

Pour résumer, c’est utiliser intelligemment ce que la Nature sait faire d’elle-même pour créer un écosystème productif qui se protège, se développe, et se renforce tout seul ! Pourquoi faire compliqué quand les choses peuvent être simples !

Pour mettre ce projet sur les rails, Patrick a investi dans le foncier et l’a proposé en fermage pour un bail de 9 ans, et a posé des clauses environnementales qui ont conditionné le projet agricole (obligation de travailler en agroforesterie, culture bio,...).

 

Aujourd’hui, la Canopée cherche à attirer de nouveaux projets aboutis qui permettraient de développer les volumes produits pour de mêmes espèces, avec l’objectif de fournir des cantines collectives.

 

Bercés par les douces mélopées du violon et de l’accordéon, nous finissons la soirée à évoquer nos rêves de changement et à échanger autour des découvertes de cette première journée bien remplie !