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La Menuiserie :

Une authentique histoire de vie.

Jeanne est fille unique. Elle est née après 14 ans de mariage. Sa vie  commence dans un environnement familial serein, un havre de paix et de tranquillité. Le monde lui semble paisible. Son père est peintre. Pour elle, ses œuvres sont le reflet de la beauté du monde. Sa mère tricote et veille sur le foyer. C’est un peu comme si son père assurait le ciel et sa mère le lien au sol. Jeanne garde de cette époque un sentiment d’intense gratitude envers l’existence et un sentiment de sérénité.

 

L’arrivée dans l’école (institution scolaire) est un choc. Ce sont des bonnes sœurs qui gèrent l’école mais la vie est dure. Jeanne se heurte à la violence des personnes. Cette violence n’est pas forcément physique. Elle s’exprime dans les mots, dans les règles, dans la gestion des situations.

Sortie de l’école, Jeanne quitte l’Aveyron pour Paris. Elle suit des études d’éducatrice pendant 2 ans. Elle travaille notamment autour du modelage, avec des trisomiques. Elle ressent une joie profonde au contact de ces personnes. Elle apprécie leur joie, leur naturel généreux, leur incapacité à voir le « mal » et à s’arrêter sur la noirceur des gens ou des choses pour ne retenir que le meilleur.

 

Elle travaille dans un Institut à Paris. Pendant 10 ans, elle vit dans la capitale avec un contrat de 8h par semaine. Heureusement, elle ne paie pas de loyer car ses parents sont propriétaires du petit appartement qu’elle habite. Pour tout le reste, Jeanne se débrouille. Elle va aux puces, s’appuient sur des systèmes de solidarité locale. Elle trouve sa liberté dans ce que certains qualifieraient de chaos. Elle côtoie des artistes, des architectes, des petites gens, des directeurs de Musée, des personnes qui vivent une vie de bohème… Elle s’enrichit de ces différents parcours, de ces diverses visions, de ces multiples univers.

 

Peu à peu, l’envie lui vient de monter un lieu qui soit un espace de réflexion et d’expression.

 

Elle revient en Aveyron et se rapproche de ses parents. Suite au décès de son père, elle prend plus spécifiquement soin de sa mère, qui a toujours été très protectrice. De retour à Rodez, Jeanne met en place de petites expositions et se lie avec des artistes et des acteurs de la culture. Son intérêt grandit pour les objets « qui ont une âme ». Elle veut contribuer à leur découverte par le plus grand nombre, sans jugement, et à l’expression de ceux qui les créent.

 

Dans les années 90, Jeanne rencontre un professeur des Beaux-Arts algérien qui fuit son pays (contexte de guerre civile). Cette rencontre renforce sa volonté de créer un lieu qui puisse accueillir ce type de personnes. Elle connaît du monde, et notamment un notaire, qui lui transmet un jour les clefs d’une ancienne menuiserie abandonnée depuis la mort de l’artisan qui la détenait. Elle ouvre la porte… et pénètre son rêve.

 

Jeanne nous souhaite de vivre cela un jour. Cette joie profonde d’intégrer son rêve, d’y entrer, de le sentir sous ses pas, sous ses doigts, à la fois insaisissable et enfin réel !

 

A peine franchi le seuil de la Menuiserie, elle se sent immergée dans un nouvel univers. Elle vit un instant magique. Le bâtiment est encombré : il y a de la poussière et les tôles placées sur les vitres empêchent la lumière de pénétrer, mais tout est là : l’espace, les boiseries, les objets chargés d’histoire.

Elle nous montre des photos de la Menuiserie à son arrivée. Il y a de l’émotion dans son récit. Elle nous souhaite à nouveau de vivre un instant comme celui qu’elle a vécu quand elle a rencontré le lieu qui allait héberger son rêve.

 

Le peintre algérien est resté 4 ans avant de repartir dans son pays une fois la situation stabilisée. La Menuiserie s’est révélée un lieu propice à l’accueil de personnes recherchant un emploi, un lieu où s’établir pour quelque temps, un espace de dépannage pour passer des moments de transition personnelle ou professionnelle.

 

Les personnes dont les œuvres sont exposées ont un langage artistique qui leur est propre. Pour Jeanne, c’est cette expression personnelle qui garantit, paradoxalement, l’universalité de l’œuvre, sa capacité à faire écho chez un grand nombre de personnes. Les artistes exposés ne cherchent pas à plaire, à faire carrière, à correspondre à ce qui serait attendu d’eux pour vendre et pour vivre de ce qu’ils font. Ils expriment à leur manière ce qu’ils ont au fond d’eux, ce qu’ils ont envie de dire ou de montrer, et c’est ce qui fait la beauté de leur Art, sa singularité et son accessibilité.  

 

La Menuiserie est un espace dans lequel les personnes ne sont pas jugées. Les artistes sont proches de ceux qui viennent à leur rencontre. La Menuiserie est un espace horizontal. Il n’y a pas de rupture entre l’espace scénique et le public. Cela pourrait passer pour un détail, mais cette horizontalité est décisive car la manière dont l’espace est construit détermine très largement la nature des relations qui se créent.

 

La Menuiserie présente des oeuvres de partout. C’est un espace interculturel dans lequel des artistes de tous les pays ont vocation à être accueillis et exposés.

Un artiste du Mozambique a récemment été en résidence à La Menuiserie. Issu d’un milieu très modeste au Mozambique, c’était la première fois qu’il venait en Europe. Ses oeuvres connaissent un réel succès. Le développement des ventes permet d’envisager l’organisation de tournées en Europe.

 

Le hasard fait bien les choses. Les personnes se rencontrent au moment opportun. Les choses se tissent sans qu’on en ait forcément conscience, des connexions se font, des amitiés émergent, des projets se créent. Des ramifications apparaissent. Le brassage des personnes génèrent de nouvelles opportunités.

 

Un autre exemple de rencontres inattendues et fortuites et celle de l’artiste céramiste japonais Rizü Takahashi (http://takahashirizu.canalblog.com/). Installé dans le Tarn et Garonne depuis quelques années, il a d’abord exposé des poteries et réalisé une cérémonie du thé (30 participants) à la Menuiserie (2010). Il est revenu 2 ans plus tard pour une exposition de céramiques et de peinture en partenariat avec une autre artiste japonaise. La date du vernissage avait été fixée sans que cela ait été réfléchi à l’origine, à 2 jours de la date “anniversaire” de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Un percussionniste japonais a saisi cette occasion pour faire une tournée en Europe en hommage à “l’événement”. La rencontre de ces 3 artistes à La Menuiserie à cette date lourde de signification a été un moment particulièrement fort en émotion et chargé de sens. Pour Jeanne, elle est une illustration de ces opportunités qui se créent de façon étonnante, presque d’elles-mêmes, et qu’il faut savoir saisir lorsqu’elle se présentent pour que ce qui est encore un potentiel s’incarne dans la réalité.

 

Beaucoup de ce qui est proposé à La Menuiserie est le fruit de ces rencontres fortuites. L’événement annuel “Photo-folies” procède cependant d’une recherche active d’artistes-photographes sur un thème convenu par les membres de l’association. Cette exposition est un moment fort et fédérateur dans la vie de La Menuiserie. Elle est source d’émulation et provoque une certaine excitation dans le groupe. Il faut trouver la perle rare, celui qu’on a envie de faire connaître, dont l’oeuvre parle et correspond au thème de l’année.

C’est une quête incessante et passionnante de l'indicible dans la matière, une tentative de capter la sensibilité des choses et de transcrire la magie de la quotidienneté.

 

" C’est aller à contre-courant d’un monde où tout semble connu.

Ici, on s'arrête devant une goutte d'eau faisant loupe, on retrouve la valeur

de l'instant, de la gratuité, 

du silence. "

Nom du projet : La Menuiserie

Statut juridique : Association

Nombre de personnes impliquées dans le projet :

3 membres et amis actifs, dont Jeanne, Jo (communication) et Barthélémy (régie spectacles).

Date de création : Années 90

Domaine d'intervention : Espace d'expressions singulières

Activités principales : Residences d'artistes, expositions, lectures, concerts, spectacles,...

 © 2015 by An Oasis In The Crisis.

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