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La Ferme de la Coume

Nous voilà embarqués à 5 personnes et 2 voitures sur les petites routes de montagne, où il est difficile de se croiser,  direction Banios en Hautes-Pyrénées. Le temps est superbe et  ça commence à bien monter et serpenter ! Pâturage et crête défilent mais le chemin n’est pas si évident… Ah tiens ça  y est une pancarte indiquant la ferme de la Coume !

 

Nous sommes accueillis par Sophie qui a le teint de quelqu’un qui passe du temps dehors.

Nous commençons à discuter du projet collectif de la ferme et de pourquoi elle est ici.

 

La création de ce lieu date de 2003 : c’est Benoit et Véronique Thiry qui sont à l’initiative du projet et qui décident de racheter la ferme et les terres. http://endehors.net/news/la-ferme-de-la-coume

Les autres sont arrivés il ya 5 ans. Aujourd’hui ce sont 4 femmes associées et deux conjoints qui ont la charge du lieu. Ils ont à disposition des lieux d’habitations sur place (étables restaurées en appartements). Chacun a en charge un atelier  agricole : maraichage, élevage de vaches, brebis et cochons, fabrication de fromage et charcuterie, conserverie, tisanes. La ferme est gérée en biodynamie.

A cela s’ajoute une un projet pédagogique portée par l’association “La Hount” qui propose des stages pour les adultes (développement personnel, art, création etc…) et des séjours pour les enfants avec des stages (spectacles, musique, cabanes etc…). Cette activité ajoute un permanent en plus à la ferme, ce qui donne un nombre de 7 permanents en tout dont 6 sur l’activité agricole. Au-delà d’un lieu de travail c’est aussi un lieu de vie qui voit l’arrivée d’enfants (certains étant en couple) et l’accueil de stagiaires et woofeurs. Sophie fut à l’origine une stagiaire du lieu pendant un an et décida de rester après cette expérience. L’idée du lieu est de permettre à des personnes désireuses d’avoir une expérience dans ce domaine puissent concrétiser leurs projets. Ils partagent donc l’économie, des lieux communs de travail et de repas et donc des temps de convivialité et des temps d’échanges sur le l’organisation du travail et sur le projet collectif.

 

Ils ont travaillé sur les objectifs du projet et leur formalisation via une charte dont voici les éléments principaux :

  • Biodynamie

  • Travailler ensemble donc en collectif

  • Vivre de notre travail (en tirer une rémunération)

  • Soigner le paysage (entretien murets, chemins, débroussaillage…)

  • Accueillir des personnes pour les accompagner dans la découverte de l’agriculture et du métier

  • Vivre simplement, être léger pour la planète

  • Cheminer en conscience et en présence des êtres vivants et des éléments qui nous entourent (démarche spirituelle)

Un règlement intérieur accompagne la charte pour les aspects plus terre-à-terre : temps de travail, congés, entraide, rôle de chacun, responsabilités et engagements…). Il est rediscuté chaque année.

 

Une partie de la production sert cependant à l’autoconsommation, auquel s’ajoutent des fruits qui donnent des confitures, des ruches pour le miel et des poules fournissant œufs frais et viande. Mais l’objectif n’est pas l’autosuffisance alimentaire mais de produire dans le respect du territoire (ex : pas de céréales car le territoire n’est pas adapté et les quelques terres plates sont pour le maraichage). Il est aussi de créer du lien avec les gens locaux via notamment l’achat-vente. Le troc n’est pas un objectif (mais ça arrive), le média « argent » leur convient. Un des objectif du projet agricole est qu’il soit viable économiquement c’es-à-dire qu’ils puissent en vivre, en tirer un salaire.

Chaque année le partage du revenu est discuté via des critères (besoins, temps de travail, chiffre d’affaire de chaque atelier…). Chacun note ses heures. En 2013, le revenu a été divisé en 6 parts égales malgré que certains soient à mi-temps (enfants). D’autre part ils sont logés, nourris, blanchis reçoivent tout les mois de « l’argent de poche » sur avance de résultat.

 

En termes d’organisation, tous les matins un quart d’heure est pris pour organiser le travail de la journée.

Chaque lundi, un temps de réunion avec les permanents et les temporaires (stagiaires, woofeurs….) permet d’organiser la semaine (matériel, travaux agricoles, descente en ville) et répartir le travail. Un retour sur la semaine passée est également effectué. Le jeudi matin une lecture commune est proposée pendant 1 h pour creuser un sujet qui intéresse l’ensemble du groupe (ex : l’apiculture). Le jeudi soir, seuls les permanents se regroupent pour échanger sur l’orientation du projet.

 

Sophie dit « la ponctualité c’est l’amour d’autrui mis en pratique ».

 

L’hiver, période moins chargée en travaux agricoles, des réunions d’une demi-journée permettent de parler des grosses décisions (charte, règlement, départ de quelqu’un) et de faire le point/le bilan avec chacun sur sont travail et sur le projet. Par exemple, Sophie va quitter le projet d’ici 2 ans pour s’installer avec son compagnon : qui va la remplacer ? Est-ce l’occasion de réorganiser le travail ?

 

Pour la prise de décision ils ont développé un outil. Ensemble ils ont participé en 2011 à une formation de communication non-violente et de sociocratie, qu’ils ont adapté et appliqué au fonctionnement du collectif depuis 2-3 ans. Cette méthode est organisée en 4 étapes :

  1. Définition de l’objectif (ex construction d’un bâtiment)

  2. Tour d’horizon sur les ressentis de chacun par rapport à l’objectif >> Utilisation d’un bâton de parole pour faire le tour du groupe et ne pas interrompre l’autre

  3. Plusieurs tour de parole sur les moyens d’y arriver >> Utilisation d’un bâton de parole pour faire le tour du groupe et ne pas interrompre l’autre

  4. Formulation d’une proposition qui fait à nouveau l’objet de tours de paroles pour la façonner et que chacun se l’approprie ou  reformulation d’une autre proposition jusqu’à temps que tous soient d’accord.

Une pause peut-être faite dans le processus pour faire reposer les idées de chacun et permettre une meilleure prise de décision.

En savoir plus sur les outils de la sociocratie : http://universite-du-nous.org/a-propos-udn/ses-outils/

 

Chacun a un secteur sous sa responsabilité et le gère sans passer par le groupe. Il s’agit de trouver le juste milieu entre le groupe et l’individu pour laisser de la liberté. Cela nécessite beaucoup de confiance, de respect et de communication.

 

Cela fait maintenant 5 ans que Sophie s’occupe des brebis, de l’entretien du paysage (débroussaillage, clôtures…) et de la transformation de la viande. Elle nous raconte qu’elle a fait des études en agriculture car elle avait vraiment envie d’en faire son métier. Le woofing lui a fait découvrir la biodynamie et le travail en collectif. Elle dit que le biodynamie c’est une façon d’être et de travailler en lien avec l’environnement, les cycles, les écosystèmes. C’est une technique réfléchie par Rudolf Steiner dans les années 20, qui amplifie les phénomènes naturels et utilise l’homéopathie. En réponse à une question sur les maladies végétales par exemple, Rudolf Steiner expliqua qu’en réalité ce n’était pas en premier lieu la plante qui était malade mais l’environnement et particulièrement le sol, qui pouvait tomber malade. Il fallait donc chercher les causes des prétendues maladies des plantes dans l’état du sol et de l’environnement. L’influence de la périphérie cosmique sur la vie des plantes et des animaux a été soulignée par Rudolf Steiner. A sa suite, plusieurs chercheurs se sont intéressés à ces phénomènes et ont pu établir des liens entre les périodes de semis, de plantation ou de travail du sol avec le rendement et la qualité des produits agricoles. Maria Thun a notamment découvert le principe des jours favorables aux feuilles, aux fruits, aux racines ou aux fleurs en fonction de la position de la Lune devant les constellations du zodiaque. Ce principe est repris aujourd’hui par tous les calendriers lunaires, avec plus ou moins d’exactitude. Ainsi le calendrier des semis biodynamique est un outil incontournable et facile d’utilisation. Évidemment, les indications d’un calendrier doivent toujours rester secondaires par rapport aux impératifs du travail agricole, souvent fortement lié aux conditions climatiques. Une fois par an est organisée une rencontre des fermes du Sud-Ouest en biodynamie, l’occasion d’échanger avec ses homologues mais surtout de fabriquer les préparations à base de plantes et d’organes d’animaux qui serviront à influencer le compost et le rendre plus fertile.

En savoir + : http://www.bio-dynamie.org/  

 

Après avoir partagé avec nous un repas autours des produits de la ferme, Sophie doit retourner à ses occupations et nous en propose 2 : réparation de clôtures, nettoyage du boxe des veaux. Nous nous séparons donc en petits groupes, plus ou moins actifs sous le soleil. En fin d’après-midi nous avons la chance d’assister et même participer (à la main) à la traite des brebis ! Pendant que certains d’entre nous font quelques emplettes gastronomiques, d’autres observent mi-béats, mi-inquiets l’amoncellement rapide de nuages noirs au dessus du paysage. Le vent s’est levé. Vite tous aux voitures la pluie commence à tomber ! La redescente sera sportive mais tous resteront sous le charme du lieu !

 

Recette du sirop de thym : faire une infusion de thym toute une nuit (1L) puis faire bouillir avec du sucre, servir avec de l’eau.

 

" L’idée du lieu est de permettre à des personnes désireuses d’avoir une expérience dans ce domaine de concrétiser leurs projets. "

Nom du projet : Ferme de la Coume

Statut juridique : Exploitant agricole

Nombre de personnes impliquées dans le projet : 3

Date de création : 2003

Domaine d'intervention : Agriculture

Activités principales : maraîchage, élevage, conserverie, transformation (tisane, charcuterie).

 © 2015 by An Oasis In The Crisis.

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